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Solstice d’hiver : retour à la racine en médecine chinoise

Le solstice d’hiver : le temps du retour à la racine

Le 21/12/2025

Au solstice d’hiver, la nuit est à son apogée et la vie se tient en profondeur. La médecine chinoise y voit un moment de retrait fécond, où le Yin est à son comble et où le Yang commence déjà à renaître. Un temps discret, mais décisif, orienté vers le retour de la lumière.

Le solstice d’hiver marque le moment où la nuit est la plus longue et le jour le plus court.
Dans la médecine chinoise, ce temps n’est pas perçu comme un déclin, mais comme un retour à l’essentiel, un moment où la vie se retire pour se rassembler en profondeur.

Lorsque le mouvement du Yang atteint son point le plus bas, le Yin est à son apogée.
La nature se tait, les arbres sont nus, la sève descend vers les racines.
Ce qui semble immobile ne l’est pas : la vie se prépare, en silence.

 

Le solstice d’hiver dans la pensée chinoise

Dans le Huangdi Neijing, il est dit que l’être humain doit s’accorder aux saisons pour préserver sa vitalité. L’hiver correspond à l’élément Eau, au Rein, à l’Essence (Jing) et au Zhi, la volonté profonde.

C’est un temps où l’énergie ne doit pas être dispersée. Le corps, comme la nature, demande à être contenu, réchauffé, protégé. Forcer l’élan à ce moment-là épuise la racine ; respecter le retrait nourrit la vie.

Le solstice d’hiver est ainsi un point charnière :

 le Yin est à son maximum, mais le Yang commence déjà à renaître, imperceptiblement. 

 La lumière ne se manifeste pas encore, mais elle est là, en germe.

Lever soleil

Dans le Yi Jing, ce moment du solstice d’hiver est représenté par l’hexagramme Fu (復), que l’on traduit par Le Retour.

Une seule ligne Yang renaît à la base de l’hexagramme, alors que le Yin occupe encore l’ensemble.

Cette image exprime avec justesse que, lorsque l’obscurité est à son comble, la lumière a déjà commencé son retour, discrètement, sans rupture, fidèle au rythme de la vie.

Bougie obscurite

Le Rein, gardien du temps long

Le Rein est l’organe de l’hiver.
Il conserve l’Essence, soutient la croissance, la reproduction, la capacité à durer.
Il est aussi le siège du Zhi, cette force intérieure qui permet de tenir dans le temps, même lorsque l’élan n’est pas visible.

Autour du solstice, le corps est souvent plus lent, plus sensible au froid, plus vulnérable à la fatigue.
Ce n’est pas un dysfonctionnement, c’est un appel à l’intériorité.

Dormir davantage, réduire l’agitation, préserver la chaleur, écouter les besoins profonds sont des gestes simples qui respectent ce mouvement naturel.
Le solstice invite à ne pas faire plus, mais à être plus juste.

Le silence comme condition de la vie

Il existe un silence qui n’est pas vide.
Un silence qui contient, qui protège, qui prépare.

Le solstice d’hiver nous rappelle que toute naissance véritable prend racine dans un temps de retrait.
La vie ne se déploie pas à partir du bruit, mais à partir du recueillement.
Ce qui est appelé à grandir se forme d’abord dans l’obscurité.

Dans le soin, comme dans la vie intérieure, ce moment est précieux.
Il permet de déposer ce qui est superflu, de discerner l’essentiel, de laisser se reconstituer la force profonde.

Silence esquice 1
 

Traverser l’hiver sans s’épuiser

Du point de vue de la médecine chinoise, l’hiver n’est pas fait pour être combattu. Il est fait pour être traversé avec intelligence.

Cela implique : 

  • de préserver la chaleur du corps,
  • de soutenir le Rein et la Rate,
  • de modérer l’activité,
  • de nourrir le repos,
  • de respecter les rythmes lents.

Ce respect du temps hivernal soutient non seulement le corps, mais aussi la clarté intérieure. Quand l’Essence est préservée, l’esprit est plus stable, la volonté plus calme, la peur moins envahissante.

Le solstice : un seuil

Le solstice d’hiver est un seuil, un passage discret, presque invisible, mais décisif.
À partir de ce point, la lumière recommence à croître.

Rien ne change encore extérieurement, mais le mouvement est engagé.
La vie, rassemblée au plus profond, commence lentement à se tourner vers l’extérieur.

Accueillir ce moment, c’est accepter que la croissance n’est pas toujours spectaculaire.
C’est reconnaître que la fidélité au vivant passe parfois par le silence, l’attente et la confiance.

Pour conclure

Le solstice d’hiver nous enseigne que la vie ne se mesure pas à l’intensité de l’action, mais à la qualité de l’enracinement.
Lorsque la profondeur est respectée, la lumière peut revenir sans être forcée.

Dans le calme de l’hiver, quelque chose se prépare.
Et c’est souvent dans ce retrait discret que naissent les élans les plus justes.

Méditation

Sources et inspirations 

Cet article s’appuie sur les textes classiques de la médecine chinoise et sur des enseignements que j’ai reçus :

  • Huangdi Neijing 黃帝內經 – Suwen 素問, Lingshu 靈樞
  • Nan Jing 難經
  • Yi Jing 易經 – hexagramme Fu (復), Le Retour
  • École Shentao et Académie du Qi gong ancien : enseignements oraux

Ces textes éclairent la compréhension du temps hivernal, du mouvement du Yin et du retour discret du Yang, en lien avec le corps et la vie intérieure.
Images : Shutterstock, photographies et créations personnelles